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Bataille
lundi 29 septembre 2014, par
Bataille, un nouveau texte de Pierre Rigal à l’occasion de la programmation par la Biennale de la danse, au Théâtre de Vénissieux, mardi 30 septembre 2014 à 20h30
Bataille est une confrontation brute entre deux acteurs physiques, entre deux hommes.
Cette confrontation est un match complexe et paradoxal. Est-ce drôle ou est-ce grave ? Est-ce une danse réaliste ou une bagarre chorégraphique ? Est-ce un contrat accepté par les deux parties ou une violence unilatérale ? Masochiste ou sadique ? Les deux personnages sont-ils deux ou sont-ils une seule et même personne en conflit avec elle même ?
Difficile de répondre tant l’ambivalence s’impose en règle du jeu. Jeu de dupe. Jeu d’illusions mutuelles.
Cette bataille joue avec la concomitance des contraires, réalisme et abstraction, humour et angoisse, et opère par soustraction. En effet, Bataille érige le conflit violent en état de fait, presque en état de nature. Et c’est en exagérant les souffrances, en riant de la douleur, en se moquant de la haine, en jouissant de la cruauté, en jubilant de la folie que la violence se voit amputer de sa substance propre. Violence gratuite devient chère violence. Et c’est dans cette ambiguïté qu’humanité et civilisation trouvent un peu leur place.
Il n’est donc plus très loin George Bataille, lui l’écrivain de l’outrance, auquel cette pièce de catch contemporain emprunte le nom. Il écrivait : « J’ai perdu la foi dans un éclat de rire » ou encore « Tout était faux, jusqu’à ma souffrance. J’ai recommencé à pleurer tant que je pus : mes sanglots n’avaient ni queue, ni tête. » C’est dans cette ambivalence poétique et continue que la pièce place son équilibre chancelant entre espoir et désillusion. Entre compassion et mépris. Entre absurde et sérieux. Entre osmose et chaos. Entre bêtise surdimensionnée et éclair de profondeur.
Nous sommes tous des équilibristes…
Pierre Rigal